Ce que j’aurais aimé qu’on me dise au début de mon traitement hormonal
Commencer une transition, qu'elle soit administrative, sociale, hormonale et/ou chirurgicale, c'est une épreuve...
Commencer une transition, qu'elle soit administrative, sociale, hormonale et/ou chirurgicale, c'est une épreuve et on ne nous apprend pas grand-chose sur comment la traverser. Personne ne nous y prépare, et on se retrouve souvent seul·es à devoir gérer, donc j'ai envie de partager ce que j'aurais aimé savoir au début de la mienne, pour que ce soit plus simple pour les adelphes qui traversent les mêmes choses.
Cet article a hautement été inspiré par le thread d'EmmaSoso :
Personnes trans 🏳️⚧️
Quel est votre meilleur conseil que vous auriez à donner a une personne s'apercevant de sa transidentité ?
1. Le plus important, TOI
D'abord, on va se concentrer sur toi, ce que tu vas traverser et ton rapport à toi-même. Sache avant tout, et ce dans n'importe quelle situation que tu es légitime dans ton identité de genre :
- Tu n'es pas obligé·e de te définir, tu peux être en transition sans savoir où tu vas, et c'est ok
- Fais-toi confiance, et vraiment, vas là où tu veux aller, comme tu en as envie, je sais que c'est dur, parce qu’autour de toi, tu vas avoir des commentaires "fais ci, fais ça", des fois, les idées seront bonnes, des fois, elles seront pourries ou elles ne te correspondront pas, et c'est ok de ne pas les suivre. T'as le droit de faire ce que tu veux, et pas suivre des normes à la con qui ne te correspondent pas.
- Tu vas douter, beaucoup, énormément, parce qu'on ne nous a jamais appris à vivre en étant nous-mêmes, notre transidentité, parce qu'on n'a pas appris aux personnes dyacis à vivre avec des personnes trans. (dyacis : personnes ni trans ni intersexes).
- Il y a des moments, où il faudra juste y aller, une poussée, mais tu le sentiras, et là ces moments sont du sucre à savourer, laisse personne te les gâcher, et surtout pas toi-même. C'est difficile de se lancer, parce qu'on a peu de soutien, mais on peut le faire.
- Tu n'as pas à te justifier, peu importe ton apparence à un instant t, ou ton identité à un instant t, tu es légitime, tu as le droit plein et entier à l'autodétermination, et ça, c'est une chose que personne ne peut te retirer.
- Tu n'es pas obligé·e de tout expliquer à tout le monde, tu n'es pas le wikitrans de la famille et de tes ami·es
- Et d'ailleurs, tu peux leur conseiller d'y aller : https://wikitrans.co/
- Pour ta transition administrative : https://administrans.fr/
2. Ta transition
Concernant la transition en elle-même, elle est propre à chacun·e, et il n'y a pas de "bonne" ou de "mauvaise" façon de faire.
Puis on devrait dire les transitions plutôt que la transition, parce qu'il y a plusieurs domaines
différents (hormonal, social, chirurgical, etc.) et tous les domaines ne sont pas forcément concernés pour tout le monde.
- Avance à ton rythme, il n'y a pas de "fin", il n'y a pas pas de "parcours défini", seulement juste toi, ce que tu veux, ce que tu ressens.
- N'oublie pas, de temps en temps, si en as la force, de prendre le temps de regarder en arrière le beau chemin que tu as parcouru, parce qu'on a souvent tendance à nous regarder au jour le jour et il faut admettre que ça n'aide pas à se rendre compte de tout ce qu'on peut accomplir en un an, en deux ans, en trois ans, en dix ans.
- L'accompagnement psy, ok, mais pour t'accompagner, jamais pour "attester" ou "vérifier". JA-MAIS.
C'est déjà assez triste d’avoir recours à un soutien psy parce qu'on doit sans cesse faire face à un monde qui choisit de nous rejeter.
- N'écoute pas les transmeds, les hormones ne sont pas une condition sine qua non, faire une transition hormonale n'est pas obligatoire pour vivre pleinement sa transidentité, idem pour la chirurgie, c'est toi qui décides, et personne n'a son mot à dire là-dessus.
(transmeds : personnes qui estiment qu’on est légitimes en tant que personnes trans uniquement si on suit un traitement hormonal substitutif).
- Malheureusement, tu vas aussi tristement apprendre que ce n'est pas parce que des personnes sont trans, qu'elles ne peuvent pas être elles-mêmes transphobes.
3. S'entourer et se protéger
Transitionner, c'est aussi être confronté·e à des personnes qui ne vont pas comprendre, et ce n'est pas simple à gérer.
- Les gens vont aller et venir autour de toi, tu vas en perdre, mais tu vas aussi avoir des surprises inattendues.
- Tu n'es pas seul·e, entoure-toi de personnes informées et inclusives, mais fais quand même attention à ne pas t'enfermer dans des groupes trop clos pour éviter l'entre-soi.
- Entoure-toi d'amour, de bienveillance, de soutien, et de personnes qui te comprennent et te respectent, sois doux·ce avec toi-même parce que ça va être violent, il te faut de la douceur, et il n'y a vraiment pas besoin d'en plus être dur·e envers toi-même.
- Parfois, tu auras envie de juste même plus supporter les maladresses, et c'est ok en fait, t'as le droit de ne pas culpabiliser d'en avoir aussi ras-le-bol, parce que c'est souvent et c'est en quantité industrielle.
- On va te dire de "dédramatiser".
- On va te dire que "ce n'est pas si long que ça" (pour les temps d'attente médicaux).
- On va te prendre à partie sur des sujets que tu n'as pas envie d'aborder, et même des sujets sur lesquels tu n'es pas forcément pertinent·e, "Dis-moi, Thea, toi qui es trans, que penses-tu de ... ?"
- Les personnes d'un coup changent d'attitude quand iels se rendent compte de ton identité de genre et direct te sexualisent (ou du moins, abordent des sujets de sexualité, vraiment WTF).
- On va confondre ton identité de genre avec ton orientation sexuelle.
- On va te demander ce que tu as entre les jambes (spoiler, c'est pas leurs affaires, envoie-les chier, vraiment, c'est pas normal de poser ce genre de questions).
- ... Bref, toutes ces remarques, ces injonctions, ces "maladresses", ne sont pas de ta faute, tu n'as rien à te reprocher, encore moins à prendre sur toi la responsabilité de leur difficulté à accepter ce qu'iels ont du mal à accepter.
- Écoute Slender Body (et globalement, tout ce que fait Changeline) :
4. Tu n'es pas seul·e et on s'entraide
Mais n'oublie pas, qu'on est là, on est là pour te soutenir, pour t'aider, pour te guider, pour te conseiller. Il existe des associations, des collectifs, des groupes de soutien, des personnes qui ont déjà vécu ce que tu vis, et qui peuvent t'aider à traverser tout ça.
- On est là pour te soutenir 🤍❤️.
- Va voir des personnes qui ont déjà vécu ce que tu vis, ça aide, vraiment, ça aide beaucoup.
- Les réseaux sociaux, ça se coupe quand tu satures, et ce n'est pas plus mal.
- Et nous ne sommes pas non plus seul·e·s, on a aussi des célébrités avec nous :
« Ça me rend très triste » : Daniel Radcliffe répond à J.K Rowling
David Tennant slams anti-trans bigots: 'F**k off and let people be'