Les autrices du magazine partagent avec vous leurs coups de cœurs lectures de ces derniers mois.
Très souvent, quand on aime écrire, on aime lire. Et en général, quand on aime lire, on aime en parler. Alors voici quelques recommandations lectures de l'équipe de La Première Ligne, histoire d'alimenter nos (déjà trop hautes) piles de lectures !
Une réécriture du mythe de Médée qui prend vraiment le point de vue de l'héroïne et essaie d'en faire une histoire plus nuancée, moins monstrueuse peut-être. Les dessins sont magnifiques et l'histoire, même en la connaissant bien en tant qu'ancienne fan de mythologie, est captivante. On m'a offert cette bande-dessinée et j'ai mis un moment avant de pouvoir la lire mais une fois que je l'ai ouverte, je l'ai lue d'un trait.
J'ai bien aimé le fait que ce soit une réécriture qui donne un cadre féministe mais qui pour autant n'excuse pas forcément tout ce que Médée fait. C'est finalement assez subtil, l'idée n'est pas d'en faire une grande icône du féminisme, mais de reconnaître qu'elle a fait face à un contexte qui ne pouvait amener qu'une vie difficile et de lutte, voire de guerre, pour pouvoir être aussi libre qu'elle le souhaitait.
Je pense qu'interroger les mythes et comment on peut les redécouvrir dans toute leur complexité est quelque chose de très sain. Ils font partie de notre culture et sont les fondations de ce que nous sommes en tant que société.
Babel suit un jeune Chinois, Robin, amené à Oxford pour étudier les langues. Lui et ses camarades de classe, un Indien, une Haïtienne et une Anglaise ont pour objectif d'apprendre une magie qui se base sur la perte de sens lors de la traduction. Une fois diplômés, iels devront mettre leurs connaissances au service de l'Empire britannique.
Leur apprentissage à Oxford est un tourbillon fascinant et épuisant. Mais, malgré la fascination qu'exerce le lieu, la réalité du colonialisme ne disparait pas : l'Empire vampirise ses colonies pour assurer le confort de sa population.
Que faire après ce constat ? Profiter des opportunités auxquelles iels ont accès ? Lutter de l'intérieur pour changer les choses ? Se rebeller ouvertement contre un ordre du monde inacceptable ? Et si rébellion il y a, comment la mener ? Le sous-titre du livre, « la nécessité de la violence » donne un aperçu de la réponse apportée.
La thématique de la lutte contre le colonialisme est abordée de façon détaillée et subtile. Elle est aussi nuancée en fonction de la position sociale des protagonistes. Qu'est-ce que le fait d'être un homme ou une femme, d'avoir un passing blanc ou non, change ce qu'on subit et ce qu'on est prêt·e à faite pour se rebeller ?