La Première Ligne est écrite ❤️🔥 La troisième édition du magazine est disponible !
Ne pas vouloir d'enfants est un choix que de plus en plus de femmes font, pour autant ça reste loin d'être un choix consensuel. Aujourd'hui, une personne qui a fait ce choix prend sa plume pour l'expliquer.
Je prends la plume anonymement car j’estime que c’est un sujet malheureusement tabou et, pour préserver ma charge mentale, je ne préfère pas écrire sous mon propre nom car je sais que cet article peut provoquer des réactions positives mais aussi une avalanche de critiques en me traitant de tous les noms.
C’est pourquoi je remercie La Première Ligne de me permettre de m’exprimer anonymement et en toute liberté sur mon choix de ne pas avoir d’enfants. Comment suis-je arrivée à faire ce choix, mon choix ?
Cet article n’a pas pour but d’influencer qui que ce soit mais de faire comprendre que le désir d’enfants doit être un choix et non pas une obligation.
Aussi loin que je me souviennes, je n’ai jamais eu envie d’avoir des enfants. Rien que d’y penser, ça me mettait mal à l'aise. Je ne me voyais pas être maman. Je me sentais piégée dans cette vision de mariage et d’enfants.
J’ai grandi dans une famille croyante. On m'a toujours dit que le but de la vie était de se marier et de fonder une famille. Autour de moi, j’avais toujours la même représentation, ce même tableau.
Un jour, dans ma vingtaine, j’ai rencontré une personne qui est devenue une de mes grandes amies. Elle a quinze ans de plus que moi, ni mariée ni enfant. Elle m’a montré une autre voie. A travers elle, elle m’a montré qu’on pouvait être heureuse sans enfants. Cette voie m’a permis de me libérer et de ne pas me conformer aux injonctions de la société.
Par la suite, j’ai affirmé mon désir de ne pas avoir d’enfants. Évidemment que ma famille l’a mal pris au début mais, petit à petit, ils se sont fait à l’idée et ils ont accepté ma décision en me voyant heureuse.
Bien sûr qu’on m’a dit que je changerais d’avis quand je rencontrerais l’homme de ma vie.
Bien sûr qu’on m’a dit que j’étais égoïste de ne pas avoir d’enfants parce que d’autres femmes ne peuvent pas avoir d’enfants. Nous sommes 7 milliards sur Terre, qu’est ce qu’un enfant de plus ou de moins ? D’ailleurs, quel monde laisserons-nous aux générations futures si nous ne prenons pas au sérieux le réchauffement climatique ?
Bien sûr qu’on m’a dit que je ne serais jamais heureuse si je n’avais pas d’enfants. En quoi le bonheur est synonyme d’enfants ? Pourquoi faut-il que le bonheur soit à tout prix associé aux enfants, à un foyer ? Ai-je l’air d’être malheureuse en n’ayant pas d'enfants ? Pas du tout. Je suis très heureuse dans ma vie, je suis très active, je suis très occupée et j’ai plein de projets. Projets que je n’aurais pas pu faire si j’étais maman.
Bien sûr qu’on m’a dit qui va s’occuper de moi quand je serai vieille. Quoi, avoir des enfants c’est pour que ceux-ci s’occupent de nous quand nous serons vieilles ? Ne vous inquiétez pas pour moi à ce sujet, j’ai déjà prévu de vieillir avec mes copines qui ont fait le même choix que moi. On prévoit d’acheter ensemble une maison à notre retraite ou un peu plus tard le moment venu et y finir nos jours ensemble. Je n’ai pas peur de la retraite ni de ma vieillesse.
Bien sûr qu’on m’a dit que c’était égoïste pour mes parents qui ne seront jamais grands-parents. Je vous rassure tout de suite, ils sont déjà grands-parents puisqu’ils ont eu un autre enfant qui s’est marié et qui a des enfants. Pour moi, être tata c’est la meilleure place. Je peux gâter mes neveux et nièces autant que je veux. J’ai vu ma sœur se marier et fonder une famille. Ça n’a pas été évident pour elle et cette charge mentale a été immense pour elle.
D’ailleurs, on sous-estime le poids de la charge mentale. La charge mentale est en grande majorité portée par la mère. Comme tout le monde, j’ai découvert le concept de la charge mentale à travers la BD d’Emma. En lisant cette BD et en voyant nombre de mères trinquer, ça m’a confirmé que je ne voulais pas cette voie-là. Non, je n’ai pas pris peur, c’est juste que rien d’y penser, je savais que j’étais incapable d’assumer toute cette charge mentale toute seule. D’autant plus qu’en voyant ma sœur même si elle se faisait bien aider par son mari, elle avait une énorme charge mentale et ça ne m’a pas donné envie de suivre sa voie. Quand j’ai pris mes neveux et nièces dans mes bras à leur naissance, je n’ai rien ressenti. J’aide ma sœur quand elle a besoin sans aucun soucis. D’ailleurs, elle m’a avoué qu’heureusement que j’étais disponible car j’étais libre. Si j’avais eu des enfants, ça aurait été compliqué.
Et quand bien même si j’étais enfant unique, ce n’est pas pour mes parents que je ferais des enfants. Ce serait pour moi et pas pour faire plaisir aux autres ou répondre aux besoins de la société. Coucou Emmanuel Macron au sujet du réarmement démographique.
Bien sûr qu’on m’a dit que je ne connaîtrais jamais la joie d’avoir des enfants et que cette joie permettrait de combler le vide. Quel vide ? Ai-je l’air de m’ennuyer dans ma vie ? Ai-je l’air d’être malheureuse ? Au contraire, je suis pleine de vie et de joie. La joie et le bonheur, comme je l’ai dit, ne sont pas forcément et uniquement associés aux enfants.
Bien sûr qu’on m’a dit que je regretterai un jour d’avoir fait ce choix. On m’a même conseillé de faire congeler mes ovules au cas où ! Au cas où quoi ? Que je changerais d’avis ? Pourquoi je changerais d’avis et surtout pourquoi je regretterais ? C’est un choix que j’ai fait en toute conscience et en toute âme. Je connais des femmes qui ont regretté d’avoir des enfants car elles ne savaient pas ce que ça impliquait. Elles ont été soumises par la pression de la société qui lui a dit « alors, quand est-ce que tu te maries ? Quand est-ce que tu auras un enfant ? Quand est-ce que tu en auras un deuxième ? Un troisième ? » comme si c'était le plus important. Se marier et fonder une famille n’est pas obligatoire et même le plus important. Le plus important, pour moi, est d’être heureuse et bien dans sa peau. Être libre de faire ses choix.
La société n’a pas à imposer vos choix. Vous obligez à faire ce dont vous n’avez pas envie. Ce n’est pas parce que les autres le font que vous devez le faire.
J’ai découvert le compte Instagram « Je ne veux pas d’enfants » et en Bettina Zourli, j’ai trouvé une rôle modèle qui s’assume en toute liberté son désir d’être child free. J’admire son parcours surtout quand elle se prend une avalanche de critiques. Je soutiens son combat.
Ma prochaine étape serait de me faire ligaturer les trompes. Malheureusement, c’est aussi un parcours de combattant pour faire cette étape. Il serait temps d’arrêter de culpabiliser les femmes qui ne veulent pas avoir d'enfants. On félicite les hommes qui font ce choix et on culpabilise les femmes pour ce même choix. Deux poids, deux mesures.
J’ai une vie bien remplie. Je ne m’ennuie pas. Je travaille, je fais des activités, je fais du sport, j’ai des loisirs, je voyage, je donne des conférences, j’assiste à des conférences, je m’occupe de mes neveux et nièces, je vois ma famille et mes amis, je brunche, je lis, je vais au cinéma, dans les musées, la liste est longue.
Je goûte au plaisir de prendre soin de moi sans culpabilité. Il m’arrive souvent d’aller manger au restaurant toute seule en savourant les instants de tranquillité. Il y a des personnes qui me regardent d’un air de pitié parce que je mange toute seule. En quoi c’est dérangeant de manger toute seule ? Oui, je suis seule et je l’assume. J’aime manger seule.
Et non, je n’ai pas de chats, ni de chiens. Et puis, je ne saurais pas m’en occuper convenablement. Je ne me sens pas du tout seule dans mon appartement, au contraire, quand je suis toute seule, je pense à moi, rien qu’à moi. Mes grasses matinées m’appartiennent et mes journées m’appartiennent. Je vis une vie sans contraintes. Est-ce égoïste ? Sûrement mais c’est un choix que j’assume. Je suis heureuse, indépendante et libre.
C’est mon choix, pas le vôtre.