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Les règles ne concernent pas que les femmes cis

Je suis une femme trans hormonée, et cela surprend toujours mes adelphes cis et transfem (non-hormoné·es) lorsque je leur parle de mon SPM (syndrôme pré-menstruel), alors j’ai eu envie d’en faire un article ici.

Je suis une femme trans hormonée, et cela surprend toujours mes adelphes cis et transfem (non-hormoné·es) lorsque je leur parle de mon SPM (syndrôme pré-menstruel), alors j’ai eu envie d’en faire un article ici.

Quelques prérequis

On va parler d’un sujet qui touche au genre, donc je tiens à préciser, histoire de m’assurer qu’on parle des mêmes choses, dans tout l’article, on considère que :

  • quand on parle des règles, on parle de tout le cycle (SPM, douleurs, baisses de moral, la faim, etc., et non pas uniquement de l’écoulement sanguin),
  • les hommes trans sont des hommes, les femmes trans sont des femmes
  • les personnes non-binaires sont non-binaires

Voilà, si on est d’accord sur ces points d’entrée, tu peux continuer.

Les personnes qui ont leurs règles

Les règles c’est une chose que les personnes qui les vivent régulièrement ont elles-mêmes du mal à définir spécifiquement, tant nous les expérimentons toustes de manière différente, mais ce qui est certain, c’est que toutes ces personnes savent très bien de quoi il s’agit, quand bien même elles peuvent être totalement différentes entre deux personnes, ou entre deux cycles.

Certaines personnes ont des douleurs physiques, d’autres des sautes d’humeur, un dérèglement des hormones de satiété, qui peuvent provoquer des TCA, des courbatures, des symptômes grippaux, de la dysphorie / dysmorphie, des migraines, des écoulements de sang, des irritations, de la fatigue… Bref, tu m’as comprise, c’est la foire d’Empoigne dans nos corps… Et dire que certaines personnes hormonées et possédant un utérus et des ovaires ne ressentent rien (la chance 🍀) !

On se sait, on compatis entre nous quand on s’en parle, et même les personnes qui n’en ont pas, mais qui ont essayé d’en ressentir une partie des douleurs via un simulateur de menstruations douloureuses, s’en souviennent bien.

Les règles ne sont pas une affaire d’ovaires et d’utérus

On a tendance à associer les règles aux femmes cis, à la présence d’utérus dans le corps, ou d’ovaires, mais c’est incomplet, car une grande partie des symptômes (bien réels), a une manifestation directement liée aux hormones.

Et ça je m’en suis rendue compte tout au long du début de mon THS, j’en parle dans d’autres articles même, et commence à tracer un suivi parce que d’un mois à l’autre, ça change.

Et c’est pareil pour des milliards de personnes, qu’elles soient cis, trans, hormonées, non-hormonées. Qu’elles aient des ovaires et un utérus ou non.

Et c’est aussi totalement l’inverse pour d’autres femmes cisgenres, même possédant des ovaires et un utérus et qui… n’en ont pas.

Les menstruations c’est comme les vêtements, ce n’est pas genré

À certaines époques on pensait bêtement pouvoir déterminer si une femme cis avait « connu le loup » en auscultant son vagin (sombre idée comme quoi l’hymen serait un « opercule » qui garantirait la virginité)… Bref ici, des personnes cisgenres en parlent mieux que moi :

Le vagin libéré des intox - Décryptage - Corpore Sano - InVivo (invivomagazine.com)

«on ne perd pas sa virginité lors du premier rapport sexuel ; l’hymen s’étend et reste dans le corps. Les éventuelles pertes de sang, qui concernent environ 50% des femmes, sont liées au fait que leur hymen est un peu trop serré et qu’il subit une petite déchirure au moment de la pénétration.» EtNina Brochmannde préciser: «L’hymen n’est donc pas l’apanage des vierges et il n’est pas possible de déterminer si une femme a déjà eu des relations sexuelles sur la simple base de son aspect.»

Encore un autre tabou de la sexualité non masculine-hétéro-cis.

Donc, tout ça pour dire qu’il faut parler de menstruations et de genre, c’est d’ailleurs essentiel pour casser les tabous et les intox sur le sujet, en plus de libérer la parole, ça aide à se sentir moins seul·e, entendu·e, compris·e et surtout, pris·e au sérieux quand on aborde ces sujets (coucou les congés menstruels).

Les menstruations, c’est pas « un truc de meufs » qu’on dit tout bas en chuchotant, comme dans les pubs de serviettes hygiéniques (déjà que certaines ont enfin cessé de nous mettre des liquides bleus…). Ce n’est pas sale, c’est une fonction biologique et hormonale.

Donc pour récapituler :

  • Certaines femmes cisgenres n’ont pas de cycles. Et non, ce n’est pas dû qu’à la ménopause, le stress, les gènes, les maladies, une opération, ou juste comme ça, de naissance (et c’est ok) tous ces éléments peuvent en être des causes diverses et non exhaustives.
  • Les femmes trans hormonées peuvent avoir leurs règles (oui, coucou, c’est mon cas, et je peux dire qu’elles me tabassent)
  • Les hommes trans, peuvent aussi avoir leurs règles, certains les perdent suite à des opérations ou du moins perdent les douleurs et les SPM via les hormones pour ceux qui suivent un THS.
  • Et il en va de même pour les personnes non-binaires, intersexes, queer, etc.

En fait, c’est simple, n’importe qui peut les avoir, et si une personne vous dit qu’elle les as, elle les as, on ne s’amuse pas à les inventer. Personne.

Et si l’anglais ne te fais pas peur, cet article parle extrêmement bien de ce que j’ai commencé à dire au-dessus :

Talking about periods beyond gender (helloclue.com) ( en)

Sinon il y a une traduction de l’article ici :

Parler des règles au-delà du genre (helloclue.com)

Et d’ailleurs, ce que dit Jen Bell ensuite rejoint énormément ce que j’ai déjà commencé à développer sur la langue et qui est un sujet qui me parle beaucoup : le sexisme dans nos langages Se servir de sa langue | La Première Ligne (lapremiereligne.fr).

Les problématiques chez les personnes trans et queer

Comme c’est déjà un sujet mal traité (et maltraité) dans le cas des femmes cis, tu penses bien que c’est encore moins connu pour les personnes trans, queer et intersexes.

Donc, la littérature étant rare sur le sujet, je vais au moins parler de mon ressenti et celui d’autres, car en croisant on se rend compte qu’on vit des choses similaires.

  • Les syndromes pré-menstruels sont différents mais chez moi par exemple un mois sur deux ils sont synonymes de dysphorie, et, bien que j’apprécie très bien mon corps, ça a tendance à déclencher chez moi certaines crises d’angoisses à ce sujet (oui, ami·es du fun bonsoir) contrairement à ce qu’on dit, non, ça ne me rappelle pas que je suis trans (? je suis déjà au courant, et mon objectif n’est pas de « devenir cis » et je fais mon passing pour moi, pas pour les autres). Et systématiquement, tous les mois, quelques jours de douleurs (oui, les hormones te font des douleurs, oui).
  • En parler à des médecins ? Ahah. Pour ressentir encore plus de jugements ? Déjà qu’il m’a fallu pas mal de doses de courage pour en parler dans cet article, alors qu’il est publié ici, dans un espace intersectionnel et ouvert… Puis beaucoup ont énormément de mal à suivre nos THS car iels ont du mal à comprendre que non, des taux hormonaux correspondant à des personnes cisgenre ne nous correspondent pas… Genre, pas du tout.
  • Et puis voir dans toutes les pubs, dans tous les étalages, dans tous les designs, une mise en avant exclusivement destinée aux femmes cisgenres, ça n’aide pas.

En fait, c’est un tabou, dans un tabou. La tabou-ception des cycles.

Conclusion

Parlons-en, dans des espaces safe, des espaces où on s’écoute, et surtout dans lesquels on ne minimise pas, car le langage est sexiste, notre culture est sexiste, et les tabous n’aident pas, au contraire ils maintiennent un status-quo, c’est comme les dégâts d’un mensonge par omission, si, c’est un mensonge, alors parlons.

Et aussi :

  • Chers hommes trans, vous êtes des hommes, sous THS ou non, avec des règles ou non, personne ne peut vous enlever que vous êtes de hommes.
  • Chères sœurs transfem, vous êtes des femmes, sous THS ou non, et pareil, avec des SPM ou non, personne ne peut nous enlever que nous sommes des femmes ! Et fières de l’être.
  • Chèrxs adelphes non-binaires avoir des cycles ou non, sous quelque forme que ce soit ou sous quelque absence de forme que ce soit ne vous ramène aucunement à une autre condition que votre autodétermination.

Bref, on vous aime.

Ah oui, et puisque on parlait de tabou tout à l’heure, ça ne mange pas de pain que je ressorte ceci :

Faut le dire si on vous oestrogêne ! Les tabous féminins | Le Club (mediapart.fr)

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